Condamnée en justice pour avoir critiqué un restaurant sur Internet

Porter un jugement négatif sur un établissement sur internet n'est pas sans risque de poursuite. Une blogueuse en a fait l'expérience et va devoir verser 1500 euros de dommages et intérêts à un restaurant pour «dénigrement».

C'est en mai dernier, alors que la saison touristique démarrait, que la gérante d'un restaurant italien du Cap-Ferret constate une baisse de fréquentation. Un de ses clients lui signale alors que, lorsqu'on tape le nom du restaurant sur Google, un article de blog intitulé «l'endroit à éviter au Cap-Ferret» suivi du nom du restaurant apparaît dans les premiers résultats de recherche. Une blogueuse, dénommée L'Irrégulière, y raconte son expérience malheureuse dans l'établissement notamment avec le service. Les gérants décident, par le biais de leur avocate, d'entamer une procédure judiciaire début juin. 

«Internet n'est pas une zone de non-droit». Et la justice leur a donné raison. «Le titre est particulièrement apparent non seulement pour les followers [...] mais aussi pour l'internaute sur Google [...].Ce titre constitue constitue un dénigrement manifeste destiné à faire fuir des clients potentiels avant même toute lecture», a estimé le tribunal de grande instance dans son ordonnance de référé que le Figaro a pu se procurer. «Il porte une atteinte grave à l'image et à la réputation de l'établissement». 

«Internet n'est pas une zone de non-droit», explique l'avocate du restaurant. «Quand on voit certains avis sur Internet, ils dépassent la limite du raisonnable». Le phénomène des critiques d'établissements sur Internet fait grincer les dents des restaurateurs. «Que quelqu'un puisse ainsi faire la pluie et le beau temps sur votre chiffre d'affaires, c'est dérangeant», explique à la Nouvelle République David Seguin, restaurateur à Niort. «Ça peut aussi blesser des personnes… Et puis ce n'est pas parce qu'on sait faire un gâteau au yaourt qu'on s'improvise guide gastronomique. C'est un métier!». Fin mai dernier, le chef étoilé Pascal Favre d'Anne a même lancé une pétition nationale afin d'alerter le ministère du Commerce sur ce problème. A ce jour, la pétition rassemble plus de 1400 signatures, dont des grands noms de la gastronomie française comme les frères Pourcel. De même, à Nice, les restaurateurs mènent une véritable fronde contre les critiques déposées sur des sites internet spécialisés. Agaçés, ils réclament le droit de pouvoir supprimer le profil de leur établissement. Or, à l'heure actuelle, impossible de satisfaire leur requête. 


Source Le Figaro le 11 juillet 2014

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