La Corée du Nord soupçonnée d'avoir piraté Sony Pictures
La filiale de Sony a été attaquée le 24 novembre. Pas moins de 100 gigaoctets de données sensibles auraient été dérobées lors de cette offensive, l'équivalent de 10.000 DVD. Parmi le butin figurent un annuaire de 6800 salariés, des indications sur leurs salaires, leur couverture sociale, des appréciations sur leur travail, des correspondances, des noms de collaborateurs licenciés, mais aussi des scripts de futurs épisodes de séries et des copies d'une poignée de films, certains encore inédits. Ces films, ainsi que nombre d'informations confidentielles, ont été mis en ligne par les pirates sur les sites de partage. Fury, avec Brad Pitt, avait déjà été téléchargé plus d'un million de fois dès lundi.
Pyongyang suspecté
Sony Pictures a reconnu ce vol mardi. Dans une lettre à leurs salariés, les codirecteurs se disent «profondément attristés par l'attaque, ( ) un acte criminel malveillant» et ajoutent travailler «étroitement avec les autorités». Le FBI, qui enquête sur l'affaire avec le département de Sécurité intérieure des États-Unis, a fait parvenir une note à des entreprises américaines pour mettre en garde contre un logiciel malveillant qui aurait la capacité de supprimer les données des disques infectés. Sony Pictures n'est pas mentionné dans ce rapport révélé par l'agence Reuters. En revanche, l'attaque a été d'une sévérité telle qu'elle a paralysé le système informatique du studio, ce qui plaide en faveur d'une intrusion sophistiquée ne se limitant pas à un vol de données.
Les auteurs de l'attaque ne sont pas encore connus. D'ores et déjà, des médias américains désignent la Corée du Nord dans le rôle du méchant, en se référant à des sources proches de l'enquête. L'attaque a été lancée un mois avant la sortie de The Interview. Dans ce film, les acteurs James Franco et Seth Rogen incarnent deux journalistes recrutés par la CIA qui fomentent un complot pour assassiner le numéro un de la Corée du Nord. Apprenant la sortie prochaine de ce film, Pyongyang avait parlé d'«acte de guerre» et de «soutien non dissimulé du terrorisme», dans une lettre envoyée en juin au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, tandis que les médias d'État promettaient des «représailles impitoyables». «Mon pays a déclaré qu'il se conformerait aux normes internationales interdisant intrusion informatique et piratage», a toutefois réagi un diplomate nord-coréen à New York.
Le seul piratage des films pourrait coûter à lui seul plusieurs dizaines de millions de dollars de manque à gagner pour Sony. Sans parler des conséquences sur son image. Il y a trois ans, le piratage du service de jeu vidéo en ligne Play Station Network avait mené au vol de données personnelles de 77 millions d'utilisateurs. Les pertes avaient été estimées par Sony à 171 millions de dollars. «Nous allons travailler dur pour retrouver la confiance de nos clients dans nos services», avait dit le président de Sony, Kazuo Hirai.
Source Le Figaro le 08 décembre 2014
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